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« Notre dieu marché et ses fausses promesses d’abondance »

2 participants

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« Notre dieu marché et ses fausses promesses d’abondance » Empty « Notre dieu marché et ses fausses promesses d’abondance »

Message  jeffe Sam 3 Mai - 10:42

« Le marché présente les attributs de la divinité : il prétend posséder l’omnipotence pourvu qu’on le laisse vraiment jouer, et il se présente comme le lieu même de la vérité. Laissez jouer de façon immanente les passions privées, et l’intérêt général sera servi. Ce serait miraculeux... si ce n’était une idée fausse par son dogmatisme même. Ce qui commence à apparaître clairement, notamment parce qu’il existe une contradiction entre l’économie marchande, qui fonctionne sur l’idée d’une production infinie de richesses, et l’économie du vivant, qui se constitue à partir du constat que la terre est ronde, donc finie, et que les ressources naturelles sont limitées. » Dany-Robert Dufour est philosophe et a publié « Le Divin Marché ».
_______________________________________________________________________________________________

Dany-Robert Dufour s’entretient avec Bernard Poulet pour l’Expansion, 1er avril 2008

Au moment où l’on parle de désenchantement du monde, vous affirmez que les hommes se sont donné un nouveau dieu, le marché. Est-ce autre chose qu’une image ?

Oui, car si nous sommes sortis des formes de la religion transcendante, celle qui était donnée de l’extérieur par une divinité venue d’au-delà du monde des hommes, nous sommes véritablement entrés dans une nouvelle religion immanente. Ma réflexion part, entre autres, des textes des jansénistes et des calvinistes du XVIIe siècle, de Pascal, de Nicole et de Bayle. Ces penseurs se heurtaient au problème qu’au-delà du petit cercle des élus il fallait proposer quelque chose au reste de l’humanité. C’est Bernard de Mandeville, un calviniste, qui a résolu la question avec sa célèbre Fable des abeilles, en conjecturant que « les vices privés font la vertu publique ». Bref, on passe du plan A de Dieu, la sainteté réservée à ceux qui ont la grâce, au plan B, qui postule que Dieu n’a pas pu abandonner les hommes chus. Ce plan secret dit que c’est par leurs vices que les hommes seront sauvés, dans la mesure où ils concourent ainsi, même involontairement, à la fortune publique.

Cette thèse est le germe de la nouvelle religion qui se réalise dans le « divin marché », notamment grâce à Adam Smith : il reprend Mandeville et le blanchit, substituant à la notion de vice celle d’intérêt privé et de self-love(l’égoïsme) comme source de l’intérêt collectif. On oublie souvent qu’Adam Smith était un théologien et que son invention du marché s’inscrit dans les problématiques de la Providence. Il s’inspire des réflexions de Newton, pour qui Dieu, le grand horloger, n’a pas organisé le cosmos au hasard. Smith réintègre cette interprétation dans l’ordre humain : l’intérêt privé chez Smith joue le même rôle que l’attraction chez Newton. De l’un comme de l’autre découle l’harmonie du tout. Autrement dit, la recherche des intérêts privés entraîne des bénéfices publics.
Aujourd’hui, beaucoup d’économistes oublient les fondements théologiques de cette doctrine et croient qu’ils sont dans un modèle de pure rationalité.

Ce sont les origines, mais aujourd’hui le marché n’est-il pas conçu plus rationnellement ? Pourquoi serait-il « divin » ?

Parce que ces idées s’accompagnent d’une série de nouveaux commandements. Nous sommes passés des religions transcendantes, qui étaient fondées sur des interdictions - « Tu ne tueras point », etc. -, à une nouvelle religion fondée sur des commandements incitateurs - tu dois viser ta jouissance personnelle, tu dois réaliser tes passions privées, etc. Ces principes dépassent l’économie, où ils fonctionnent plutôt bien, pour toucher tous les domaines de la vie.

Or les autres grandes économies humaines, les économies symbolique, politique, psychique, sémiotique, etc., ne fonctionnent pas selon les mêmes principes. Par exemple, dans l’économie psychique, le non-frein à la jouissance peut devenir mortifère. Ainsi, l’économie du désir fonctionne avec des interdits comme l’interdit de la mère, qui autorise le désir pour les autres femmes. Dans une économie de laisser-faire psychique, l’enfant ne connaît plus de limites et, basculant du côté de l’économie de la jouissance, il tendra à vouloir assouvir tous ses désirs. C’est ainsi que nous nous trouvons assujettis à une nouvelle divinité perverse, quelque peu sadienne, qui nous dit : « Jouissez ! »
Le marché laisse croire à l’individu qu’il va pouvoir satisfaire ses pulsions en lui fournissant tous les objets dont il a besoin.

En réalité, cet assouvissement pulsionnel entraîne de redoutables phénomènes d’addiction, de sorte que la jouissance attendue n’advient jamais vraiment. C’est ce manque qui explique l’importance des phénomènes de dépression, qui remplacent de plus en plus la névrose classique en produisant un trouble psychique dans lequel on se retrouve en deçà de soi-même. Cela se manifeste aussi avec ces gens au-delà d’eux-mêmes, dans une sorte d’infatuation subjective, possédés par un sentiment de toute-puissance entraînant la multiplication de comportements que l’on qualifie de pervers.

Vous laissez entendre que ce serait le cas de notre président de la République ?

C’est en effet un cas intéressant... Il est probable que celui-ci fournisse un bon exemple d’infatuation subjective. Je dirai même qu’il donne une sorte de leçon de perversion, sur le thème : « Faites comme moi, jouissez ! »
On ne cache plus et, surtout, on ne se maîtrise plus. Au contraire, on exhibe, et c’est un des symptômes des troubles contemporains liés à ce commandement du laisser-faire. Laissez faire les vices privés, les passions, les pulsions ! Bref, je crois que notre président donne un fort mauvais exemple à la jeunesse de notre pays, car il ne semble pas savoir que l’autonomie, telle qu’elle a été définie par Rousseau ou par Kant, ce n’est pas faire tout ce que l’on veut, mais « obéir aux lois qu’on s’est données ». Ce qui suppose un long travail sur soi, fait avec d’autres, permettant de se rendre maître de ses passions et de ses pulsions, seule façon d’être vraiment libre.

Mais en quoi le marché devient-il une divinité ? Il n’y a que de l’immanent dans tout ça...

Le marché présente les attributs de la divinité : il prétend posséder l’omnipotence pourvu qu’on le laisse vraiment jouer, et il se présente comme le lieu même de la vérité. Laissez jouer de façon immanente les passions privées, et l’intérêt général sera servi.
Ce serait miraculeux... si ce n’était une idée fausse par son dogmatisme même. Ce qui commence à apparaître clairement, notamment parce qu’il existe une contradiction entre l’économie marchande, qui fonctionne sur l’idée d’une production infinie de richesses, et l’économie du vivant, qui se constitue à partir du constat que la terre
est ronde, donc finie, et que les ressources naturelles sont limitées.
La promesse, quasi religieuse, d’une richesse progressant infiniment n’est donc pas tenable. La crise financière et économique qui vient d’exploser l’illustre, et si nous ne comprenons pas qu’elle en annonce d’autres, bien plus sérieuses, c’est probablement parce que nous sommes victimes d’un dogme assez aveugle.

Pourtant, les économistes les plus libéraux, à l’instar d’un Friedman, ne sont pas religieux, ils se veulent au contraire hyperrationnels...

Milton Friedman donne une place absolue à l’idée que les échanges peuvent s’autoréguler. Et quand il y a de l’absolu, il y a du religieux. Il estime, par exemple, dans sa fameuse théorie des prix, que des millions d’actes individuels s’ignorant les uns les autres peuvent aboutir à un équilibre des prix, entre des gens qui n’ont besoin, comme il le dit lui-même, ni de se parler, ni de s’aimer, ni même de se connaître. Or je crois que cette idée qu’il n’y a besoin ni de se parler, ni de se connaître, ni de s’aimer attente justement à toute l’économie symbolique, au besoin d’échanger avec l’autre, à la nécessité de construire quelque chose qui assure une régulation symbolique.

Pourquoi opposez-vous gouvernance à gouvernement ?

La gouvernance vient directement de l’expression américaine de corporate governance, qui, elle-même, renvoie à un tournant décisif dans la gestion de l’entreprise. Bien loin d’indiquer un approfondissement de la démocratie, elle désigne la prise de pouvoir du capitalisme financier sur le capitalisme industriel. Elle paraît contester les lourds pouvoirs centralisés. En fait, c’est un masque pour la prise de pouvoir par les actionnaires, résultat du libre jeu du marché.

La gouvernance tend un redoutable piège à la démocratie : elle se présente comme son élargissement par une meilleure participation de la société civile alors qu’elle détruit le seul espace où les citoyens peuvent accéder à la démocratie. Avec la gouvernance, on aboutit à la disparition des instances qui, comme l’Etat, pourraient jouer un rôle régulateur, au-dessus des intérêts particuliers. Il y a renversement au détriment du politique et en faveur de ce qu’on appelle la société civile, laissant libre champ aux rapports de forces, donc à la victoire des plus forts, ici les marchés financiers.

Pour vous, la « pensée 68 » aurait contribué à la victoire de l’ultralibéralisme ?

Autour de 1968, notre monde a connu un passage du modèle keynésiano-fordiste au modèle ultralibéral. Parallèlement se sont développées les philosophies postmodernes, celles notamment de Foucault ou de Deleuze. La critique des institutions de Foucault, brillante et forte, visant à déconstruire toutes les institutions qui « emprisonnaient l’individu », comme l’école, la prison, l’hôpital ou l’asile, a en fait nourri la pensée de la dérégulation. Il s’agissait de concevoir un nouvel espace politique et social autorisant tout acte singulier, une société fondée sur la récusation de toute régulation.

Ensuite, plus trivialement, les étudiants de 1968 ont préparé le triomphe de cette société avec des slogans comme « jouir sans entraves », « réalisez vos désirs », etc., sans s’apercevoir que tout cela allait non pas détruire l’ancien capitalisme, mais devenir l’idéologie de l’anarcho-capitalisme ultralibéral. C’est ce qui me fait dire que nombre d’insurgés de 1968 ont été victimes d’une sérieuse ruse de l’histoire : pour l’essentiel, ils ont atteint des buts exactement contraires à ceux qu’ils visaient.

Alors, que met-on à la place de ce dieu marché ?


L’humanité a passé son temps à tuer ses dieux, elle peut encore le faire. Je ne condamne pas le marché - c’est le mode d’échange entre les hommes institué presque depuis la nuit des temps -, mais je suis contre l’idée que tout est « marchandisable ». Face au divin marché, il faut élaborer des limitations, que ce soit pour la production des richesses, qui ne pourra pas être infinie puisque nos ressources sont finies, ou pour la satisfaction des intérêts privés. Il faut en somme remettre le marché à sa place pour qu’il ne s’impose plus comme un absolu au détriment des autres économies humaines.

Le Divin Marché : La révolution culturelle libérale


Présentation de l’éditeur : " Les vices privés font la fortune publique " : cette formule aujourd’hui banale scandalisa l’Europe des Lumières lorsqu’elle fut énoncée pour la première fois en 1704 par Bernard de Mandeville. Pourtant. ce médecin, précurseur trop méconnu du libéralisme, ne faisait qu’énoncer la morale perverse qui, au-delà de l’Occident, régit aujourd’hui la planète. Elle est au cœur d’une nouvelle religion qui semble désormais régner sans partage, celle du marché : si les faiblesses individuelles contribuent aux richesses collectives, ne doit-on pas privilégier les intérêts égoïstes de chacun ? En philosophe, Dany-Robert Dufour poursuit dans cet ouvrage ses interrogations sur les évolutions radicales de notre société. En présentant, en autant de chapitres. les " dix commandements " inquiétants qui résultent de la morale néolibérale aujourd’hui dominante. il analyse les ébranlements qu’elle provoque dans tous les domaines : le rapport de chacun à soi et à l’autre, à l’école. au politique, à l’économie et à l’entreprise, au savoir, à la langue, à la Loi, à l’art, à l’inconscient, etc. Et il démontre ainsi qu’une véritable révolution culturelle est en cours.

Dany-Robert Dufour, philosophe, est professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII, directeur de programme au Collège international de philosophie.

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Publication originale L’Expansion relayée par ContreInfo
jeffe
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Message  crabe à roulettes Lun 5 Mai - 9:06

un dieu est une propagande économique Suspect
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